Tous les mois, pour Euros / Agency Group, Harris Interactive interroge les Français sur un sujet d’actualité. Nous regardons l’intensité de la préoccupation à l’égard d’un sujet dont il est question dans l’espace public ainsi que la confiance exprimée à l’égard des principales institutions pour y répondre.
Ce mois-ci nous nous intéressons au sujet de la prise en charge de la dépendance, alors que la récente publication du livre «Les Fossoyeurs » a provoqué un scandale autour des établissements pour personnes âgées Orpea. Le sondage a été réalisé concomitamment à la sortie de ces révélations dans les médias.
Près de 9 Français sur 10 considèrent que la prise en charge de la dépendance les préoccupe (87%), dont 1/3 d’entre eux (36%) indiquant que ce sujet les « préoccupe beaucoup ».
S’il concerne toutes les catégories de population de manière importante, ce niveau de préoccupation élevé est particulièrement fort auprès des personnes âgées de 50 ans et plus (89% des 50-60 ans,92% des 60-70 ans et même 97% au-delà de 70 ans) et des personnes ayant un proche en situation de dépendance, que cette personne soit à leur charge (98%) ou non (90%).
Pour répondre aux enjeux concernant la dépendance, les Français déclarent avant tout faire confiance aux aidants (81%). Près des 2/3 des Français déclarent par ailleurs faire confiance aux collectivités locales (66%), à la Sécurité sociale (64%), aux citoyens (63%), ou encore aux associations et ONG (60%).
Alors que des accusations sur le fonctionnement des établissements Orpea ont contraint le groupe au licenciement de son directeur général, la confiance envers les Ehpad n’est partagée que par une minorité de Français, qu’il s’agisse des Ehpad et établissements médicalisés publics (48%) et encore moins des Ehpad et établissements médicalisés privés (35%).
Enfin, moins de la moitié des Français déclarent faire confiance à l’Etat (45%), indirectement concerné par la gestion des établissements spécialisés dans la dépendance, alors que les Français attribuent une confiance mesurée envers les caisses de retraites complémentaires (54%) et plus faible envers les mutuelles et compagnies d’assurance (47%).
On relève que la confiance envers les aidants est partagée auprès de l’ensemble des familles politiques bien que de façon mesurée auprès des sympathisants RN (69%). La confiance envers chacune des autres institutions se trouve en revanche moins prononcée auprès des sympathisants RN et Reconquête ! Ainsi, de manière très nette, la confiance envers l’Etat bénéficie d’un niveau de confiance élevé auprès des sympathisants de la majorité présidentielle (77%), tandis que les sympathisants LFI (30%), RN (29%) et Reconquête ! (21%) font état d’un niveau de défiance élevé.
Plus généralement le niveau de confiance envers ces différentes institutions se trouve plus élevé que la moyenne auprès des personnes ayant un proche en situation de dépendance à leur charge, à l’exception des aidants pour lesquels le niveau de confiance est similaire selon la proximité ou non avec une personne en situation de dépendance.
En termes générationnels néanmoins, on relève que la confiance envers les aidants est quasi-unanime pour les Français âgés de 50 ans et plus, et un peu moins élevée pour les plus jeunes. Ces derniers font par ailleurs plus confiance aux Ehpad et établissements médicalisés publics (62% des 18-24 ans) comme privés (55% des 18- 24 ans), quand leurs aînés n’attribuent qu’une faible confiance à ces établissements privés (24% pour les 60-70 ans, 20% pour les personnes âgées de 70 ans et plus).
Pierre-Hadrien Bartoli, Directeur des études politiques d’Harris Interactive : “À l’heure où le scandale autour des Ehpad du groupe Orpea a remis en pleine lumière la question de la dépendance et la gestion de ces établissements, les Français considèrent la question de la dépendance comme un sujet de préoccupation très important pour eux. Et pour répondre à ces enjeux, ce sont les acteurs quotidiennement confrontés aux situations de dépendance, à savoir les aidants, qui bénéficient du plus haut niveau de confiance de la part des Français et a fortiori des Français les plus âgés, potentiellement davantage concernés par la dépendance.”
Julien Pontier, Directeur général adjoint d’Euros / Agency Group : “Sur ce sujet de la dépendance qui a été sous le feu des projecteurs de l’actualité récente, la très large préférence pour une prise en charge individuelle par des aidants gomme le clivage partisan autour du mode de gestion public ou privé des établissements d’accueil. La défiance à l’égard des Ehpad qu’ils soient publics ou privés est quasiment identique quelque soit la proximité politique des sondés. Seuls les plus jeunes portent un regard plus nuancé sur les Ehpad. Par hypothèse, peut-être parce qu’ils ont conscience que la prise en charge de cet enjeu de société ne pourra reposer sur l’unique mobilisation des aidants.“