La Fondation européenne pour le climat, en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental, a confié à l’institut Harris Interactive la réalisation d’une enquête sur le thème de la transition énergétique en France. Cette vaste mesure de l’opinion sans précédent en France cerne la manière dont les citoyens et les dirigeants d’entreprise intègrent les enjeux de la transition et identifie les incitations et les freins au développement d’une politique nationale en la matière.
L’ÉVÈNEMENT DU 12 JUIN AU CONSEIL ÉCONOMIQUE, SOCIAL ET ENVIRONNEMENTAL
Les résultats de l’enquête ont été présentés le 12 juin en présence de Delphine Batho, ministre de l’Écologie, du développement durable et de l’énergie, de Jean- Paul Delevoye, Président du CESE et d’un panel comprenant :
- Johannes MEIER, PDG de la Fondation européenne pour le climat
- Stephen BOUCHER, directeur de programme de Fondation européenne pour le climat
- Jean-Daniel LEVY, directeur du département politique & opinion, Harris Interactive
- Brice LALONDE, ancien ministre, conseiller spécial de l’ONU pour le développement durable
- Anne-Marie DUCROUX, présidente de la section Environnement du Conseil économique social et environnemental
- Jérôme PÉCRESSE, président du secteur Alstom Renewable Power et Vice-président exécutif d’Alstom
- Laurence TUBIANA, directrice de la chaire Développement durable de Sciences Po Paris, directrice de l’IDDRI et membre du comité de pilotage du Débat national sur la transition énergétique
Jean-Paul DELEVOYE, Laurence TUBIANA et Delphine BATHO
- Jean-Paul DELEVOYE a rappelé dans son introduction le « formidable enjeu collectif de la transition énergétique » et l’importance que « chacun se sente acteur de ce changement essentiel », le CESE étant le lieu privilégié de ce type de débats impliquant toutes les composantes de la société.
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- Jean-Daniel LEVY a mis en avant les grands enseignements de l’enquête, rappelant notamment que celle-ci constitue un véritable plébiscite pour les énergies renouvelable et insistant sur le fait que :
- la très grande majorité des Français pense que la transition énergétique est une urgence (85% de citoyens et 81% des chefs d’entreprise), et que celle-ci doit passer par le développement des énergies renouvelables (69%),
- la transition énergétique est perçue comme ayant un impact positif à long terme (83% des citoyens et 91% des chefs d’entreprise),
- 83% des citoyens et 91% des dirigeants d’entreprise estiment que la transition énergétique aura un impact positif à long terme. Pour ces derniers, elle est un facteur potentiel d’innovation technologique (88%), de nouveaux marchés (78%), et d’attractivité pour les entreprises françaises (69%).
- 69% des Français et 77% chefs d’entreprise estiment que les gaz de schiste ne sont pas compatibles avec la transition énergétique et que pour 82% des dirigeants d’entreprise les gaz de schiste ne sont pas un atout pour la compétitivité de la France.
- la moitié des Français font confiance aux collectivités locales, 36% à l’Union Européenne et 25% au gouvernement pour assurer la transition énergétique,
- quatre dirigeants d’entreprise sur dix considèrent avoir plus à gagner qu’à perdre dans la transition énergétique, seuls deux sur six pensant avoir plus à y perdre.
Stephen BOUCHER
Pour Stephen BOUCHER, commanditaire des enquêtes, « La transition c’est maintenant ». Il s’est adressé directement à la ministre : « L’ère post-carbone est dans les esprits. Le message est clair pour le gouvernement : la voie est libre, agissez ! ». Même si la mise en place de mécanismes d’incitation, en particulier financière, sont attendus, l’opinion est prête.
Delphine BATHO
Laurence TUBIANA a pour sa part insisté sur la différence de traitement de ce débat entre la presse régionale, plutôt investie, et l’intérêt limité manifesté par le milieu de la presse parisienne.Delphine BATHO s’est dite frappée par la cohérence entre « les résultats de cette enquête et les enseignements de la journée citoyenne », organisée le 25 mai dans la cadre du débat national sur la transition énergétique et associant des citoyens de onze régions métropolitaines et de trois régions d’outre-mer. « Un consensus émerge sur une opportunité de modernisation de la France » par le biais de la transition énergétique : « Le fait qu’un citoyen sur deux se perçoive comme un acteur, c’est considérable ! ». « La société française, sur ce sujet, est en avance sur ses élites », a-t-elle conclu.
Jérôme PECRESSE a insisté sur les opportunités de création d’emplois qu’offre la transition énergétique en général, dimension bien perçue par l’opinion comme semble le montrer l’enquête. Il a ainsi pris l’exemple d’Alstom Power, son entreprise, qui a installé quatre usines éoliennes offshore en France générant plus de 1 000 emplois directs dans le renouvelable. Laurence TUBIANA a indiqué à ce propos qu’il demeurait encore très difficile de prévoir le nombre d’emplois que pourra générer la transition énergétique, et que la mesure de cet impact devait faire l’objet d’un prochain chantier.
Anne-Marie DUCROUX
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Anne-Marie DUCROUX a d’autre part souligné à quel point l’enjeu du coût de l’énergie était souligné par les personnes sondées, qu’il s’agisse des citoyens ou des chefs d’entreprises : « la question du prix de l’énergie va être l’un des sujets les plus délicats du débat législatif ». Elle a par ailleurs remarqué que les mesures de « sobriété sont désormais admises par les citoyens » et s’est réjouie que « les français placent la mobilité comme un élément sur lequel ils sont prêts à faire des efforts ».
Brice LALONDE, Jérôme PÉCRESSE et Laurence TUBIANA
- Pour rappel, la restitution complète du débat national sur la transition énergétique aura lieu au CESE les 21 et 22 septembre prochain.Enfin, Brice LALONDE, donnant un point de vue plus global, a rappelé le caractère indissociable de la production d’énergie et de la gestion de l’eau, trop souvent négligé. Par ailleurs, selon lui, si les questions économiques sont actuellement prédominantes, « la protection de la nature ne doit pas être sacrifiée au développement des énergies renouvelables », l’investissement dans le renouvelable étant aujourd’hui considérable au niveau mondial. Enfin, il a insisté sur la nécessité que « l’Europe réussisse cette transition avant les autres. C’est politiquement crucial, pour l’exemple ».
LES RÉSULTATS COMPLETS DE LA GRANDE ENQUÊTE NATIONALE SUR LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE
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