Si un lecteur peu (voire pas du tout) au courant de l’actualité politique de ces derniers mois était amené à feuilleter le baromètre Harris Interactive x Eurosagency réalisé pour LCI ce mois-ci, peut-être ne remarquerait-il pas que le Président de la République a été réélu, pas plus qu’il ne se rendrait compte qu’une première ministre a succédé à un premier ministre. En effet, la confiance en Emmanuel Macron est inchangée depuis son élection (49%, stable) et ne fluctue pas suite à la nomination d’Elisabeth Borne à Matignon.

Cette dernière suscite la confiance d’une proportion de Français assez similaire à celle mesurée pour Jean Castex (44% contre 42% pour son prédécesseur). Signe que nos compatriotes jugent la fonction et non uniquement le responsable politique, l’alors ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion ne générait la confiance que de 34% des personnes interrogées. Elisabeth Borne est une femme, c’est un fait. Elle y a fait expressément référence sur le perron de Matignon. Et pourtant la confiance à son égard n’est pas genrée : 45% des hommes et 44% des femmes la jugent positivement. Bien que présentée comme étant issue de la gauche, la première ministre bénéficie d’un regard positif aussi bien à gauche (55% des proches du PS) qu’à droite (51% de ceux des LR) et évidemment quasi-unanime chez les sympathisants de la majorité (87%).

Quelles sont les raisons de la confiance en Elisabeth Borne ? Déjà, le fait qu’elle soit une femme. Est également mis en avant son expérience. On remarquera qu’il n’est que peu fait mention d’Emmanuel Macron. On remarquera également que les électeurs critiques à l’égard de la première ministre ne font pas état du genre d’Elisabeth Borne, mais, en l’espèce de sa proximité à Emmanuel Macron.

En dehors de ces qualificatifs la nouvelle première ministre, même peu connue, est affublée logiquement de qualificatifs correspondant à des attributs plus personnels que politiques. Il s’agit en premier lieu de la capacité à faire preuve d’autorité, d’autoritarisme et également de courage. Dans l’ensemble ceux-ci sont plutôt positifs et pas si « technos » que cela.

Quelques semaines après le remaniement, la confiance envers les ministres est assez disparate ce mois-ci, les nouveaux entrants au gouvernement enregistrant des niveaux de confiance logiquement moindres que ceux dont la mission a été renouvelée. En effet, les personnalités recueillant les plus hauts niveaux de confiance demeurent celles déjà en poste avant le remaniement : Bruno Le Maire (43%, +1), Olivier Véran (39%, =), Gabriel Attal (38%, -2) ou encore Gérald Darmanin (38%, +4). Sébastien Lecornu, qui après avoir été Ministre des Outre-Mer a aujourd’hui la responsabilité des armées, gagne 5 points de confiance ce mois-ci (29%). Alors que plusieurs plaintes déposées contre lui ont été récemment révélées, Damien Abad apparait comme le ministre recueillant le niveau de confiance le plus faible (20%) avec la Ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak. Ce sont d’ailleurs les deux personnalités ne bénéficiant pas de la confiance d’une majorité de proches de Renaissance. Observons que Gabriel Attal est le ministre bénéficiant le plus de la confiance des proches de la formation majoritaire (90%), que les sympathisants LR accordent leur confiance à Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et Gabriel Attal. De leur côté, 49% des interviewés se déclarant sympathisants socialistes indiquent accorder leur confiance à Olivier Véran.

Notons, enfin, que 34% des Français ne se prononcent pas lorsqu’ils sont invités à se prononcer sur Pap Ndiaye, 25% lui accordent leur confiance, 41% donnant une opinion inverse. Si certains ont pu voir derrière la nomination du nouveau ministre de l’éducation nationale un « clin d’œil » à la gauche, on peut penser que – pour le moment – l’effet ne se fait pas sentir : 32% de ceux se positionnant sur cette partie de l’échiquier politique ne se prononcent pas et, pour ceux donnant un avis, ceux-ci sont mitigés : 33% accordent leur confiance au ministre, 35% répondant par la négative. Comme on pouvait s’y attendre, 58% des personnes se situant à l’extrême-droite n’accordent pas leur confiance à Pap Ndiaye et même près d’un sur deux pas de confiance du tout.

A l’instar des mois précédents, Edouard Philippe (43%, -3) reste la personnalité enregistrant le plus de confiance de la part des Français. L’ex-Premier Ministre bénéficie toujours de la confiance de la majorité des sympathisants Ensemble !, famille politique auprès de laquelle il apparait comme la première personnalité politique (81%, +1).

Candidate sortante dans sa circonscription du Pas-de-Calais aux prochaines élections législatives, Marine Le Pen obtient ce mois-ci la confiance de 39% des Français (+3), soit un nouveau niveau « record ». C’est le quatrième mois consécutif que l’ex-candidate à l’élection présidentielle atteint son plus haut niveau de confiance. La candidate du Rassemblement National demeure la deuxième personnalité politique auprès de laquelle les Français font le plus confiance depuis février. Elle reste également la personnalité préférée auprès des proches de sa famille politique (95%, +7).

Alors qu’il avait connu une ascension importante en avril, faisant de lui la deuxième personnalité politique auprès de laquelle les Français faisaient le plus confiance avec Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon voit sa dynamique s’interrompre assez nettement ce mois-ci. Le leader de la France Insoumise perd 8 points de confiance (28%) en mai. Alors qu’il a appelé les Français à « l’élire Premier Ministre », le chef de file de la NUPES génère moins de confiance qu’il y a un mois auprès des sympathisants de gauche : -10 points auprès des sympathisants PS (42%) ; -8 points chez ceux d’EELV (42%). Il demeure toutefois la personnalité la plus populaire auprès de sa famille politique (91%, +5).

Pour autant, on n’assite pas à des mouvements de balancier d’opinion : ainsi si Bernard Cazeneuve, qui s’est opposé à la formation de la NUPES dans le cadre des élections législatives et a quitté le Parti socialiste, bénéficie ce mois-ci de la confiance de 31% des Français (+2) celle-ci se dégrade auprès des sympathisants de gauche : -6 points auprès des sympathisants LFI (17%); -4 auprès de ceux du PS (44%) ou encore -9 chez les proches d’EELV (23%).

A droite, François Baroin est la personnalité politique recueillant le meilleur niveau de confiance, aussi bien auprès des Français (31%) que des sympathisants LR (73%). Candidat à sa réélection dans les Alpes-Maritimes, Eric Ciotti gagne 13 points de confiance auprès des sympathisants LR (61%) et bénéficie de la confiance d’un quart des Français (25%).

Dans cette période suspendue, où la réserve limite l’expression des ministres, observons que… nous n’observons pas de mouvements profonds d’opinion. Les citoyens portent un regard sur leurs responsables politiques qu’ils soient dans la majorité ou les oppositions ressemblant nettement à ceux d’avant même la présidentielle. Le nouveau gouvernement n’est accueilli ni par un enthousiasme ni par un rejet. Peut-être que, suite aux élections législatives, l’impact sur les structurations d’opinion sera plus net. Ce ne sera peut-être pas tant le scrutin en lui-même qui sera de nature à bouleverser les représentations mais le fait que la confrontation sur un fond politique sera plus nette et donc génèrera des positionnements plus tranchés de nos compatriotes.

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